Histoire du Saint-Graal

La Cène (dernier repas de Jésus avec ses apôtres) se tint le Jeudi Saint, avant la Pâque juive, chez Joseph d'Arimathie. Celui-ci conserva le Saint Calice c’est-à-dire la coupe utilisée par Jésus au moment où il institua l'Eucharistie.

Jésus fut crucifié le lendemain sur le Mont Golgotha à Jérusalem. Ses plaies saignaient encore quand Joseph d’Arimathie se présenta avec la coupe devant les soldats romains qui montaient la garde. Il déclara que Ponce Pilate (gouverneur de la province de Judée) lui avait permis de recueillir le sang de Jésus. On se souviendra aussi que c’est lui qui obtint l'autorisation d'emporter le corps de Jésus pour l’ensevelir dans son propre sépulcre taillé dans le roc.

Après la résurrection du Christ, les Juifs craignirent que cette coupe ne possédât des pouvoirs surnaturels. Les Juifs s’efforcèrent de retrouver Joseph d’Arimathie au plus tôt pour la détruire, en vain. Joseph d'Arimathie se cacha ainsi pendant trente ans ! Le miracle opérait : il resta caché sans éprouver la faim et la soif et, lorsqu'il retrouva ses proches, il n’avait pas pris une ride.

C’est là que s’interrompt le récit des textes sacrés et que commencent celui des légendes arthuriennes. La figure de Joseph d'Arimathie est introduite dans le cycle arthurien par Robert de Boron dans son roman en vers Estoire dou Graal (vers 1190). Une voix lui commande de quitter la Judée sans autre viatique que la précieuse coupe, désormais appelée le « Saint Graal ». On suppose que le mot « graal » vient du latin médiéval « cratella » qui désignait un vase puis, en ancien français, un plat creux doté de larges bords.

Après un long voyage, Joseph d’Arimathie aborde les côtes de Bretagne. Le Saint Graal est déposé au mystérieux monastère de l'île d'Avalon. Ses pouvoirs sont tels que beaucoup de seigneurs de cette terre païenne se convertissent au Christianisme. Dans les légendes arthuriennes, au moment où commence la quête du Graal par les chevaliers de la Table ronde, la coupe se trouve au château du Roi Pellès, souvent qualifié de Roi Blessé ou de Roi Pêcheur. Blessé aux jambes, il ne tient à la vie que par le pouvoir miraculeux du Saint Graal et consacre son temps à la pêche dans la rivière qui passe non loin de là1. Le royaume de la Terre Désolée semble partager les mêmes souffrances, comme si l’infirmité du roi rendait la terre stérile.

Les chevaliers accourent afin de soigner le Roi Pêcheur mais seul le « Meilleur Chevalier du monde » pourra accomplir ce miracle. Perceval et Bohort parviendront à franchir les portes du château : ils verront Élaine, la fille du roi, tenant entre ses mains la précieuse coupe qui dispense une lumière éblouissante sous un linge blanc. Mais un seul chevalier, un cœur pur élu de Dieu, aura le droit de soulever le linge immaculé : c’est Galaad, fils de Lancelot, qui occupe le Siège Périlleux de la Table Ronde.

Ici s’achèvent les légendes arthuriennes… mais pas les mystères du Graal que nombre d’aventuriers continuent à chercher aujourd’hui car on en a à nouveau perdu la trace depuis plusieurs siècles ! Comme si la poursuite d’un idéal supérieur à la vie terrestre - parfois même au péril de sa vie – permettait de se fortifier moralement et de s’épanouir spirituellement.

Note1. Le symbolisme chrétien est clair ! Le poisson est le symbole du Christ. Les Évangiles rapportent que les premiers apôtres étaient pêcheurs sur le lac de Tibériade jusqu'à ce que Jésus les envoie à travers le monde comme « pêcheurs d’hommes ».

Mémento

Joseph d'Arimathie recueillit le sang du Christ (mort sur la croix à Jérusalem) dans une coupe appelée « Saint Graal » au Moyen-âge. Après un long voyage, il aborda les côtes de Bretagne. Dans les légendes arthuriennes, au moment où commence la quête du Graal par les chevaliers de la Table ronde, la coupe se trouve au château du Roi Pêcheur. Seul Galaad, fils de Lancelot et cœur pur élu de Dieu, aura le droit d’entrevoir le contenu miraculeux du Graal.


Illustrations

1. La Cène (1495 - 1498) par Léonard de Vinci, fresque de l’église Santa Maria delle Grazie à Milan (Italie). 2. Les chevaliers du Roi Arthur rassemblés autour de la Table Ronde pour célèbrer la Pentecôte (vers 1475) par Evrard d'Espinques. Source : Wikimedia Commons